Information détaillée concernant le cours

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Titre

Écriture et connaissance (XVIe-XVIIe siècles) /2

Dates

18 novembre

Responsable de l'activité

Jean-Pierre Van Elslande

Organisateur(s)/trice(s)

Prof. Loris Petris (UNINE); Prof. Jean-Pierre van Elslande (UNINE)

Intervenant-e-s

Anne-Élisabeth SPICA, professeure à l'Université de Lorraine – Metz

Description

PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET MODALITÉS DE TRAVAIL

 

L'étude des rapports entre les pratiques d'écriture et les formes de la connaissance est susceptible d'intéresser les jeunes chercheuses et chercheurs travaillant sur la production lettrée des XVIe et XVIIe siècles à plusieurs titres. Ces relations permettent de repenser l'articulation de l'histoire du livre et de la diffusion des représentations dont il est le vecteur privilégié. Elles invitent à réfléchir à la manière dont les savoirs circulent entre différentes aires culturelles par le biais des traductions, que celles-ci portent sur des ouvrages anciens ou contemporains. Elles permettent également d'approfondir la dimension heuristique impliquée par la mise en forme rhétorique et poétique des discours, notamment lorsque cette mise en forme articule des modes de connaissance institutionnalisés et des modes de connaissance nouveaux ou expérimentaux.

Deux journées d'étude prévues en 2016. Chacune de ces journées débutera par une conférence donnée par un ou une spécialiste du domaine de recherche intéressé à partager ses réflexions avec de jeunes chercheurs et chercheuses. L'après-midi sera consacrée à la présentation de recherches en rapport avec le thème des journées et s'achèvera sur une discussion générale.

 

 

PROGRAMME DE LA JOURNÉE

 

UNINE - FLSH, Espace Agassiz, salle RE 46 (Plan d'accès)

 

9h30-10h00 : accueil des participants

 

10h00 : Conférence d'Anne-Élisabeth SPICA (Université de Lorraine – Metz) : 

 

« SAVOIRS EN IMAGES, XVIe – XVIIe SIÈCLES »

 

Dès 11h45 : Repas au restaurant des Amis

 

14h00 : Barbara Selmeci Castioni (FNS/Université catholique de Louvain, UniBas et UniL) : « "Le Burin m'a servy de plume en beaucoup d'endroits". La visualisation galante des savoirs dans un périodique mondain sous Louis XIV »

 

14h45 : Yohann Deguin (Université de Lorraine et Uni NE) : « Se connaître soi-même : héritage et transmission dans les Mémoires d'Ancien Régime »

 

15h30-16h00 : Collation

 

16h00-16h45 : Marie Capel (UniL) : « "Avec autant d'assurance que s'il les avait vus clairement" : Charles Sorel critique de l'imagination mathématique (1630-1640) »

 

Une discussion générale conclura la journée.

 

 

RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS

 

 

Conférence d'Anne-Élisabeth Spica (Université de Lorraine – Metz) : « Savoirs en images, XVIe-XVIIe siècles »

 

L'entrée dans la Première modernité se caractérise, entre autres, par l'importance croissante donnée au sens de la vue dans l'économie de transmission des savoirs. Certes, rien n'entre dans l'esprit qui ne soit préalablement passé par la vue, énonçait Aristote dans le De Anima, abondamment repris et commenté pendant toute la période médiévale. Pour autant, au moment où convergent en une « clavis universalis » naguère étudiée par Paolo Rossi les deux traditions médiévales, jusque là séparées, des arts de mémoire et de la logique combinatoire, le medium cognitif qu'est l'image démultipliée par l'imprimé invite à développer dans l'espace du livre toutes sortes de stratégies sémiotiques, de manière à augmenter la puissance visuelle donnée au signe graphique. Moins que l'illustration scientifique (dont on sait le développement et la précision descriptive croissants pendant la période retenue) – ou en d'autres termes la mise en image d'un savoir déjà donné, déjà construit par le texte qui la supporte –, diverses combinaisons retiendront notre intérêt en ce qu'elles proposent autant de mises en scène du savoir et de son apprentissage – ou en d'autres termes l'appropriation de ce savoir –, autour des productions liées à la symbolique humaniste et aux usages de l'allégorie visuelle.

 

Documents utiles aux échanges: textes et images proposés par A.-É. Spica.

 

 

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Barbara Selmeci Castioni (FNS/Université catholique de Louvain, UniBas et UniL) : « "Le Burin m'a servy de plume en beaucoup d'endroits". La visualisation galante des savoirs dans un périodique mondain sous Louis XIV »

 

Bien avant le grand essor de la presse illustrée au XIXe siècle, le Mercure galant, périodique mondain fondé et dirigé par Jean Donneau de Visé, se présente également comme un périodique illustré. Pendant près de trois décennies (1678-1710), le texte et l'estampe y établissent un dialogue original et étroit avec différentes manifestations "d'actualité", en cherchant conjointement à les inscrire, selon une expression consacrée à l'époque, "au temple de mémoire". Du point de vue épistémologique, le mode de production du Mercure galant (une entreprise collaborative), sa structure raisonnée et ses tentations critiques, mais en particulier certaines similitudes thématiques et iconographiques de son programme d'illustration avec les planches de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert permettent d'envisager le mensuel illustré comme un 'jalon sur la voie de l'encyclopédisme des Lumières' (Paschoud et Selmeci 2016). Souvent considéré comme un organe des Modernes, le périodique s'intéresse en effet de près aux progrès des arts et des sciences, qu'il s'attache à présenter selon les principes d'une esthétique et d'une sociabilité galantes renouvelés. On s'attachera avant tout, dans le cadre de cette communication, à interroger les composantes galantes des choix de modélisation discursive et visuelle des savoirs représentés dans le périodique.

 

Les articles du Mercure galant, relatifs à la vie littéraire, à la musique et aux spectacles (1672-1680), peuvent être consultés, avec des possibilités de recherches dans le texte, sur le site du "Projet Mercure galant", dirigé par Anne Piéjus (CNRS/OBVIL). De nombreux volumes du périodique (1678-1710) sont également disponibles en mode image sur Gallica.

 

 

Yohann Deguin (Université de Lorraine et Uni NE) : « Se connaître soi-même : héritage et transmission dans les Mémoires d'Ancien Régime »

 

Les Mémoires, c'est un lieu commun, servent souvent un discours apologétique. En quête de légitimité, de pardon ou de reconnaissance, le mémorialiste affirme sa place dans le théâtre du monde par l'exposé de ses hauts faits, de ses déboires et de son mérite d'une part, et par les qualités qui lui sont naturelles d'autre part, parce qu'il les tient de sa naissance. Parce qu'il est d'une certaine extraction, noble de nature, l'aristocrate d'Ancien Régime est le dépositaire d'un savoir, d'une connaissance ancestrale qui condense à la fois les valeurs de son milieu et un savoir familial. Nourris par les « histoires généalogiques », par les grandes figures de la maison et les anecdotes qu'on leur attache, par les livres de raison même, les Mémoires sont les gardiens d'une connaissance d'abord acquise puis réorganisée par leur auteur, afin d'en assurer une transmission nouvelle. Médiateur entre un patrimoine reçu, un patrimoine rêvé et un patrimoine légué, le mémorialiste fonde une identité qui lui est propre, à la croisée entre ascendance et descendance. Pour affirmer une appartenance à son groupe social, il ne manque pas de s'en distinguer pour faire une oeuvre originale autant qu'originelle.

En somme, à l'aune de quelques exemples parmi lesquels Montluc, Bussy-Rabutin et Mademoiselle de Montpensier, nous tâcherons de voir comment, pour être lui-même la matière de son livre, l'auteur prend en charge un savoir familial et le reconfigure avant de le restituer. Cette réflexion s'inscrira dans l'ensemble plus global du travail de thèse que nous menons actuellement, sur la fondation d'un idéal familial dans les Mémoires du XVIIe siècle.

 

 

Marie Capel (UniL) : « "Avec autant d'assurance que s'il les avait vus clairement" : Charles Sorel critique de l'imagination mathématique (1630-1640) »

 

A partir du Berger Extravagant, je propose de montrer en quoi la critique sorélienne des romans rejoint celle qu'il fait des mathématiques dans son oeuvre encyclopédique. Comme on le sait, les mathématiques (et en particulier la mathématisation de la physique) connaissent à cette période un puissant et rapide développement, notamment sous l'impulsion de Descartes; Sorel, on l'ignore en général, regarde d'un oeil particulièrement désapprobateur l'auteur du Discours de la Méthode, qu'il perçoit probablement comme un rival. L'extravagance moderne n'est pas le fait des seuls romanciers: elle doit beaucoup, selon Sorel, à l'imagination scientifique du courant rationaliste, auquel l'auteur de La Science universelle préfère le jeune empirisme anglais (Bacon). Les conséquences poétiques du baconisme épistémologique et méthodologique de Sorel sont à apprécier, selon moi, dans sa pratique narrative des histoires (et non romans!), que je suggère de rapprocher des histoires naturelles et civiles prévues par l'immense Instauratio magna (1605-1625), sur le modèle des enquêtes zoologiques d'Aristote (Histoires des Animaux, etc.) - c'est-à-dire bien loin de la Poétique.

 

 

Lieu

UNINE - FLSH, Espace Agassiz, salle RE 46

Information
Places

27

Délai d'inscription 18.11.2016
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