Penser l’«oeuvre» et l’«auteur» avec la génétique

23 Juin 2023

Joël Zufferey

M. Tristan Bornoz, UNIL Mme Lena Möschler, UNIL M. Giovanni Zuccarino, UNIL

Roger Chartier, EHESS, Collège de France

Hortense Delair, Sorbonne Nouvelle

Rudolf Mahrer, Université de Lausanne

La journée a lieu au Château de Dorigny sur le campus de l'Unil.

La journée d'étude vise à réfléchir dans une perspective génétique aux notions d'«auteur» et d'«œuvre». L'étude de la genèse d'une œuvre, contextualisant la production écrite, permet de reconsidérer ces deux notions, fondamentales pour les études littéraires. Le processus de création de l'œuvre n'est jamais complètement achevé et ne prend que partiellement fin avec la publication; lors d'éditions ultérieures, l'écrivain peut modifier son texte et faire paraître une nouvelle version qui ressemblera à la précédente sans être identique. Cela invite à reconsidérer l'œuvre non comme un état figé, mais comme un processus en cours d'élaboration.

La génétique envisage l'auteur comme un scripteur, c'est-à-dire comme producteur du texte. Alors que l'on a pu penser l'auteur comme une entité monolithique, la génétique amène à le reconsidérer comme une entité subsumant une succession d'énonciateurs; au fil du temps et de ses énonciations (différentes versions de l'œuvre), l'auteur évolue en tant que sujet et n'est jamais complètement le même. L'étude de la genèse d'une œuvre (qui couvre aussi bien le processus de création précédant la première édition que celui des éditions ultérieures) permet notamment de repenser a) la stabilité ontologique de l'auteur, qui est davantage un sujet-scripteur en évolution; b) l'autonomie de l'auteur dans le processus de création; en effet, il n'est pas le seul à participer au texte (genèse collaborative, l'imprimeur et l'éditeur participent, à leur mesure, au texte) et il s'adapte, lors du processus de création, à des contraintes formelles – p. ex. délais, format de publication – qu'on considérerait volontiers comme extérieures au processus de création, mais qui sont en fait déterminantes.

La journée débutera par des présentations (15-20 min.) de doctorant·e·s intéressé·e·s par les questions d'auteur et d'œuvre, suivies des communications des conférencier·ère·s invité·e·s : Roger Chartier et Hortense Delair (30-40 min.). À l'issue de chaque présentation, le public sera invité à discuter avec l'intervenant·e (10-15 min.). L'activité se terminera par une table ronde animée par Rudolf Mahrer, visant à synthétiser les discussions et enjeux de la journée, et à donner la parole au public.

La journée est ouverte à tout·e doctorant·e intéressé·e par la problématisation des notions d'auteur et d'œuvre. Il n'est pas nécessaire que la présentation soit ancrée dans la discipline génétique. Les perspectives non-génétiques sont les bienvenues pour apporter d'autres éclairages sur ces notions. Les contributions peuvent autant être théoriques que porter sur des exemples précis. Il est bien sûr possible d'assister sur inscription à la journée, sans proposer de contribution.

Tout·e doctorant·e intéressé.e à proposer une communication peut envoyer, d'ici au 21 avril 2023, un bref descriptif de sa contribution (environ une demi-page), ainsi qu'une petite bibliographie indicative à l'adresse .

Lieu : Château de Dorigny

9h-9h30 : accueil et présentation par les organisateurs

9h30-10h00 : Arthür Brügger, "Du "journal d'une désespérée" (1963) à Suis-je encore vivante (2008?) : Grisélidis Réal par Yves Pagès.

Discussion et pause

11h00-11h30 : Vivien Poltier, "La genèse marxiste : intérêts, problèmes et limites. Autour de Retour aux mots sauvages de Thierry Beinstingel

11h30-12h00 : Lucie Spezzatti, "Démêler la genèse de Tristano meurt"

Pause de midi

13h30-14h30 : Roger Chartier, "La mobilité des textes, édition, tradcution, matérialité"

14h30-15h30 : Hortense Delair, "Des postures à l'oeuvre. Le texte et l'auteur dans le processus de génétique éditoriale.

Pause

16h-17h : Table ronde et synthèse de la journée animée par Rudolf Mahrer

UNIL

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